Interview complète de Julien Didry

Speaker 1 (00:01)
Bonjour. Donc je suis Julien Didry. J’ai été maire de Bras sur Meuse de 2001 à 2020. Je m’étais toujours dit que je me limiterais à trois mandats si on veut une commune de 750 habitants située à côté de Verdun, au pied des champs de bataille et aux portes de la ruralité, donc aussi reconnu, notamment dans le domaine des usages numériques. C’est un village qui est labellisé cinq arobase au niveau national au niveau ville Internet, ce qui en fait le village le plus connecté de France du fait que c’est le seul village de moins de 1000 habitants à être à ce niveau de cinq arobase. Alors, qu’est ce que la digitalisation ? À l’époque, il y a 20 ans, quand on s’est lancé dans ces démarches, on ne parlait pas de digitalisation, était plutôt dans une logique pragmatique de voir comment, dans un premier temps, on pouvait fluidifier l’information entre la mairie et les élus. Ce n’est pas plus et pas plus ambitieux, ambitieux que ça au début, et donc tout simplement. Mais ça a été le début de la grande histoire.

Speaker 1 (00:59)
Tout simplement. On avait un photocopieur qu’on a connecté, ça a coûté 150 € à l’époque, je m’en souviens très bien et donc tout ce qui arrivait de l’extérieur était dématérialisé. Dans une GED à l’époque, on appelait pas ça un cloud, mais plutôt une GED, donc une gestion électronique de documents. Et donc, au fur et à mesure dans le temps, tous les documents qui arrivaient à l’extérieur étaient mis dans cette GED, numérisés dans cette GED et mises à disposition dans un premier temps des élus donc, ce qui permettait aux élus d’avoir accès à toute la mairie de chez eux et puis plus tard, à la population d’accéder à tous les documents qui les intéressaient, notamment les documents d’urbanisme. Et tout ça, c’était la première étape. Et au fur et à mesure, on parlait toujours pas digitalisation, mais plutôt de services qu’on pouvait apporter aux populations. Avec le numérique, on se posait la question à chaque fois qu’il y avait une question à problème. Un peu remarque on dit en quoi le numérique peut nous aider et à l’époque, on a commencé, on n’avait pas de débit.

Speaker 1 (01:52)
Je vous rappelle, vous parliez un temps ou on n’était même pas encore à l’ADSL ou tout juste au début de l’ADSL chez nous. Maintenant, on a la chance d’aller beaucoup plus vite pour mettre ce qu’on a mis en place. Voilà, parce que derrière, il y a le plan de la région Grand Est et le plan fibre qui en 2023 pour la fibre ? Tout le monde. Pour le coup, ça va être top. Mais à l’époque en tout cas, c’était pas le cas. Et donc tout doucement, on a mis en place des différents petits modules autour de la démocratie. On a envoyé par mail lors du jour du conseil pour qui les habitants avaient la possibilité de réagir jusqu’à 22 h le soir pour nous poser des questions. On a bien sûr mis en place un site internet. On s’est lancé, lancé sur les réseaux sociaux avec une communication plutôt externe. Et puis on a créé un peu plus tard un groupe privé, Facebook. Ça, tout ça est gratuit. Entre Brasiliens qui s’appelle aujourd’hui Abracadabra, les gens qui rentrent dans ce groupe privé secret.

Speaker 1 (02:44)
Seuls ceux seuls ceux qui sont admis par la mairie peuvent y rentrer. Donc c’est quelque part une place de la mairie virtuelle et donc c’est un lieu d’échange, un lieu d’information. On peut faire des enquêtes, des sondages ou des fois il peut y avoir des tensions, mais ça fait partie de la vie. Donc ça, c’est le groupe entre Brésiliens. Facebook, c’est quelque chose qui nous a beaucoup servi et qui nous sert encore beaucoup. Bien sûr, on a, on a utilisé des outils de gestion collaborative de l’espace public. À l’époque, c’était peu répandu, comme Better Street. Il y en a d’autres aujourd’hui, c’est à dire que les gens signalent et signalent s’ils voient et des choses qui ne vont pas sur la voirie, des trous, des problèmes de divers et variés. Et derrière, ça nous permet aussi de gérer le temps, de gérer plutôt les interventions des agents communaux de manière organisée avec cette application. On a envoyé les SMS, mais bon, ça, c’était très courant. On pilote le chauffage de la mairie avec des outils numériques.

Speaker 1 (03:42)
Tous les compteurs des habitants sont pilotés, y suivent leur consommation d’eau potable notamment. On a utilisé un outil de consultation dans le cadre du grand débat national, un outil qui s’appelle Vooter. Après, bien sûr, on utilise encore les QR codes. On avait mis en place il y a dix ans des QR codes sur les différents, les différents bâtiments qui permettaient d’avoir l’histoire du bâtiment en flashant. C’est uniquement un opticien, un jeune en service civique qui a raconté avec une bande audio l’histoire de chaque bâtiment. On la relie à un QR code. Et voilà, à un moment donné, les QR codes étaient devenus un peu kitsch. Et avec le comité, on voit que ça revient et donc ils ont encore pas mal d’avenir devant eux. Les QR code, tout ça, voilà plein de petites actions. Je ne vais pas rentrer dans le détail, ce serait trop long. Mais de manière transversale. On a aussi formé les gens parce qu’à un moment donné, avant d’arriver à cette acculturation numérique, il a fallu un peu former les gens parce que je le disais tout à l’heure.

Speaker 1 (04:36)
Aujourd’hui, il y a le plan fibre de la région Grand Est, mais à l’époque, il n’avait pas de débit. Donc il y avait un décalage technologique qui a engendré le décalage d’usage, c’est à dire qu’on était beaucoup plus à l’aise avec le numérique dans des zones qui avaient le haut débit que nous dans les territoires ruraux. C’est là ou on a mis en place en 2010 le numérique pôle, un pôle numérique dans une ancienne salle d’école de classe. Donc on a mis un pôle numérique, on a investi 120 000 € avec 80 % de subvention. C’était un projet ambitieux en 2008. Fin juillet, ça a été discuté en haut au conseil en 2008. Mais on a apporté les faits là ou les habitants ont vu le service tout de suite, on ont apporté un service quasiment gratuit et on a formé pratiquement plus de 1000 personnes de bras et d’ailleurs autour de tous les usages numériques d’utilisation de l’Internet. Peu importe ça, ça a été le premier étage de la fusée. Des projets très importants. On a élargi après le service avec un FabLab en 2011 2012, un laboratoire de fabrication numérique avec l’objectif de lutter contre le peu de licences programmées, mais aussi de faire des formations aux gens sur la 3D, sur plein de choses.

Speaker 1 (05:39)
Donc tout doucement, sans le savoir, on a créé un tiers lieu le numérique, un pôle, la mairie, le FabLab. Et puis, pour l’aspect économique, l espace de coworking qui s’appelle Work ici, qui a été imaginé il y a huit ans huit, huit puis dix ans, avec des bureaux. Donc on a mis cinq bureaux dans un premier temps en place, qui ont été loués en quinze jours. Et au fur et à mesure, on a restructuré des logements communaux de chaque côté pour arriver à un espace de quinze bureaux de co-working. Et là, on est. On était un peu en avance dans la vision quelque part des territoires ruraux demain, et des évolutions de la société et des attentes des populations. Donc, on sait très bien, on le savait déjà très bien, qu’effectivement il y avait une évolution du comportement, des comportements, mais aussi des attentes. Les gens étaient plus en attente de qualité de vie, est en recherche de qualité de vie, la partie hors travail, même si le travail est très important pour eux.

Speaker 1 (06:29)
Mais la partie hors travail famille a toute son importance. La partie loisirs et nous, dans les territoires ruraux, on a tout ce qu’il faut pour les loisirs et la qualité de vie. Donc derrière ces espaces de coworking qui sont une vraie opportunité pour les territoires ruraux ? De manière tout ça a été accéléré avec le télétravail a été accéléré avec le Covid, bien entendu. Mais au delà du télétravail, l’isolement et compagnie, les tiers lieux permettent de maintenir du lien social, permettre de maintenir des activités et de rapprocher aussi, et c’est ça peut être le plus important, le domicile du travail. Les entreprises peuvent être à Paris, Strasbourg, Mulhouse, Nancy-Metz ou voilà. Mais pour autant, les gens peuvent travailler dans un tiers lieux, ça les rapproche de leur domicile. Pour l’environnement, c’est bon, pour la qualité de vie, c’est bon. Et pour la réponse aux évolutions sociétales, c’est important parce que dans tous les cas, on peut dire qu’aujourd’hui il y a une évolution des attentes dans le travail, la relation au travail, les jeunes et puis la même.

Speaker 1 (07:23)
Mais je ne crois pas qu’on pourra résister à une tendance lourde. On l’accompagne pour la combat. Moi, je ne crois pas. Donc on est plutôt nous pour l’accompagner. Donc tout ça pour dire que ces espaces de coworking et on en porte d’ailleurs, on entre eux dans l’idée et dans une autre, une autre de mes casquettes. Qui est président du PS du pays de Verdun ou on soutient pas mal de projets numériques ? Et donc là, il y a pas mal de communes ou d’intercommunalités qui ont l’intention et qui ont commencé à créer des tiers lieux dans des lieux insolites. Mais les curieux, ça peut être un de deux ou trois bureaux et ça peut des tiers lieux culturels. Ça peut apporter vraiment quelque chose à faire dans le domaine des tiers lieux et j’y crois beaucoup. Donc voilà tout simplement et très rapidement raconter l’histoire de Bra sur Meuse en quelques minutes. Mais ce pourrait être très long parce qu’il y a tellement de choses qu’on a pu qu’on a faites. Vous pouvez aller sur villes Internet, vous tapez, vous avez toutes les initiatives.

Speaker 1 (08:13)
Désolé de ne pas être avec vous aujourd’hui, mais j’ai été retenu par ailleurs.